Pièce électro-acoustique – 10’41 – 2018
Réalisation, prise de son, montage : Chloé Despax
Pièce sonore réalisée dans le cadre d’une résidence Phonurgia Nova 2017 en avril et juin 2018 au Groupe de Recherches Musicales de l’INA, Paris (FR).
Mixage : Benoît Bories
Mixage en octophonie et quadriphonie : Philippe Dao
Avec les voix de Yorgos, Despina, Anna, Gabriel, Ieva, Reda, Neza, Harun, Alessio, Alessia, Lucas
Ardesia est une approche sensorielle et minérale du paysage méditerranéen. Cette pièce est composée de paysages sonores relatifs à la fonction centrale de l’ardoise dans la vie quotidienne des habitants du village de Sestri Levante de la Région de Ligurie en Italie. L’ardoise y est surnommée ‘l’or noir de Ligurie’.
L’auditeur déambule dans cinq paysages sonores liés à l’ardoise, comme une partie de boccete, sorte de pétanque sur billard – dont la planche est en ardoise – dans la case des anciens pêcheurs, ou lors d’une marche sur un chemin qu’arpentaient femmes et enfants il y a encore quelques décennies pour descendre la pierre des carrières à la mer pour exportation.
Le Genius Loci, l’esprit du lieu ainsi que le génie qui vient souffler aux hommes , est révélé grâce à ses sons, indiqués par les villageois et enregistrés avec des microphones binauraux in situ, entre mer et montagne.
À ces paysages se lient des voix de méditerranéens, de tous âges et dans différentes langues (italien, slovénien, français, espagnol, arabe, turc, grec). Au toucher de cette ardoise, ils ont imaginé un paysage, via un processus de paréidolie sonore. La paréidolie est un mécanisme de reconnaissance et d’identification des formes, une capacité innée de tout être humain à l’imagination : dans des formes issues de paysages naturels comme des nuages ou une ligne d’horizon, l’homme peut reconnaître des formes lui rappelant un objet, un animal ou une forme humaine. Ce concept, habituellement appliqué à la vue, stimule ici le toucher et la parole.
Paysages physiques et imaginaires humains se rencontrent et se confondent dans un même espace sonore. L’ardoise devient un véhicule sensible et poétique d’interaction sociale, une réflexion sur le paysage et son anthropisation.
Merci à Gabriel Lecup, Pom Bouvier B., Anna Raimondo, Félix Blume, Emmanuel Favreau et Francesco Cameli du GRM, Younes Zarhoni, Carola Haupt de Radio Papesse, Arthur Manet, Karim Benzidani, Silvia Robertelli, Fabrizio Vatieri de Pelagica pour la photographie.